7 tableaux

J’ai reçu une commande un peu spéciale de l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne : il s’agissait de faire un film de 30 minutes pour accompagner son orchestre symphonique jouant 7 morceaux de Kurt Weil.

C’est une presque carte blanche dans laquelle je plonge avec délice.

L’intuition m’oriente sur un mixage de vieux films tombés dans le domaine public, avec des bouts de films réalisés pour l’occasion. Travailler sur le genre de l’époque, à travers un jeu d’acteur poussé à son expression maximum – un cri qui ne s’arrête jamais, des plans classiques avec des gestes saccadés par la pellicule qui saute, des contrastes qui rehaussent la dramaturgie en permanence… – voilà à peu près l’intention qui avait germé.

Je contacte Soledad Zarka, chorégraphe, danseuse et amie, à l’origine d’une œuvre à la fois atemporelle, intensément poétique, et très étrange. A force de faire les marchés aux puces elle a rempli son appartement de bibelots et costumes début de siècle.

On devait filmer dans une bergerie vers Perpignan. Seulement voilà : on passe le week-end à discuter passionnément, et la veille du départ lorsqu’on décide enfin d’appuyer sur REC, on n’avait pas vu arriver une véritable tempête de neige sur la ville, en plein mois d’avril.

Ne pouvant plus partir, on tourne donc principalement en intérieur dans l’appartement de Soledad, en écoutant The Married Monk. Elle me propose des accessoires, elle improvise des gestes chorégraphiques. Je décide de tirer parti de ces gros flocons qui deviendront la neige de l’écran, et le filtre de mon film.

Ces 7 tableaux expressionnistes seront projetés pour l’événement, dont je n’ai ni film ni photo.

Les droits musicaux étaient négociés uniquement pour la soirée… Plus tard, c’est Hugues Viardot, directeur artistique musical rencontré suite à un tournage pour DDB, qui ira fouiller dans son catalogue pour me proposer quelques musiques et sonoriser à nouveaux quelques tableaux.