En 2022, elle prend la décision d’écrire une bio à la 3e personne du singulier, pas spécialement en hommage à Alain Delon, mais parce que visiblement c’est un code du genre.
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Bérénice filme l’absurdité de notre monde à travers des mises en scène ultra-réalistes et décalées. Que ce soit en dirigeant des acteurs ou en valorisant des documents d’archive, elle s’attache à partir de l’intime pour toucher l’universel.
Dans Un Long Dimanche d’irradiation (2008), elle traite du catastrophique à la façon d’un film de famille. Ariane Mnouchkine lui attribue le Grand Prix du festival Sortir du Nucléaire, doublé du 1er prix du public.
Elle réalise ensuite des Entretiens d’Embauche pour des métiers improbables. D’abord considérés par Dailymotion comme de réels CV vidéos, ils seront mis en avant par la plateforme pour leur côté subversif, puis chroniqués sur Libération, France Inter, France Info, et Cadremploi.
Avec la Grande Rétrospective Coniste, elle explore (un peu) le monde de l’art contemporain et des partenariats fumeux, sous la forme d’un reportage institutionnel. Ce pastiche de vernissage pompeux piège Valeurs Actuelles qui relaie le film sous le titre racoleur “Sauvegarde du patrimoine national”.
Un des visionnage les plus émouvants à ses yeux, restera ce moment où devant Mamie remix – mélange d’archives INA et de photos de famille – sa grand-mère le cœur rempli de joie lui demande “j’ai vraiment vécu tout ça?” L’histoire finira par un 2e prix au concours Paris remix… et un diagnostic Alzheimer.
Lancée dans cette dynamique d’expérimentation à base de documents déjà vus et revus, elle donne la voix au mur de Berlin lui-même dans A l’intérieur, puis elle réalise les pastilles de 14, dernières nouvelles. La contrainte formelle est passionnante : elle devra raconter 30 histoires de 2 minutes avec uniquement 5 photos par pastille. Elle obtient l’or au festival Smart Fipa (2014).
Durant une dizaine d’années elle se met au service des projets des autres. Elle devient autrice pour des films muséaux, et se fait une spécialité de vulgariser et scénariser des milliers d’années d’Histoire (comme pour l’Abbaye du Relec ou la Forêt de Saoû) . Elle devient monteuse (Patience Mon Amour, 1er prix série fiction de moins de 20 min – La Rochelle 2021)… Et puis tout d’un coup, après s’être aussi improvisée architecte et maman, elle se souvient qu’elle est réalisatrice.
Elle catharsise un avortement dans Pour 4 oeufs par jour (2021). Elle y met en scène sa famille (encore!) et elle expérimente la projection de vidéos et photos sur décor réel. Dans ce film elle tisse des liens sensibles autour du sacrifice maternel, de la transmission et du cycle du vivant. Puis elle décide d’écrire un projet plus long, une enquête intime qui questionne contraception et déterminisme.